S.GuénaEmmanuel Hippolyte Henri Mounier est né à Grenoble le 1er avril 1905 à onze heures du matin. Son père Paul Louis Mounier, alors âgé de 31 ans, était pharmacien. Sa mère Marie-Baptistine, née Laurent – d'un an et demi plus âgée que son époux – était mère au foyer.

Le couple avait déjà une fille, Madeleine, née en 1901 – de qui Emmanuel sera très proche. Le premier domicile familial est au 56 quai Perrière. Les deux branches familiales étaient d'origine paysanne. Ses grands parents paternels – Jean-Louis, qui faisait aussi office de coiffeur, et Marie-Philomène, née Caillat vivaient à Vinay. Ses grands parents maternels – Jean-Baptiste Laurent et Marie-Baptistine née [Greffes ou Greffe] vivaient à Tullins.

 

C'est en 1908, que la famille Mounier s'installe au 11, Grand Rue. En 1917, Emmanuel entre en 6ème A2 où il réussit fort bien : 1er prix en langue française, en thème latin, en récitation classique ; 2ème prix en version latine, en histoire, en calcul, en dessin. L'année suivante, il est victime d'un accident de jeu pendant la récréation, qui le prive d'un œil et d'une partie de l'ouïe. En septembre 1920, il fait sa rentrée au Lycée Champollion en classes scientifiques. Il s'inscrit à l'Action Catholique de la Jeunesse Française (A.C.J.F.) et rencontre l'abbé Émile Guerry (1891-1969) ancien combattant de la première guerre mondiale et figure importante du catholicisme social. En terminale, il fait la connaissance de Georges Barthélemy, avec lequel il noue une profonde amitié. La mort brutale et prématurée de ce dernier en janvier 1928, entraînera chez Emmanuel une grave crise spirituelle. Il obtient brillamment son baccalauréat en 1923, avec une mention très bien en philosophie.

 

Il prépare alors le certificat d'études physiques, chimiques et naturelles (PCN ou SPCN) en vue d'intégrer une école de médecine. Il y renonce et s'inscrit en classes de philosophie à l'Université de Grenoble en octobre 1924. Il se lie avec Jéromine Martinaggi et rejoint Jean Guitton dans le « groupe d'études en commun », animé par son professeur Jacques Chevalier. Parallèlement, il s'engage aux côtés de l'abbé Guerry, à la Société Saint Vincent de Paul, pour venir en aide aux défavorisés. En octobre 1926, il rédige son mémoire de licence, Le conflit de l'anthropocentrisme et du théocentrisme dans la philosophie de Descartes, sous la direction de Jacques Chevalier. Il soutient son mémoire en juin 1927 et obtient la mention très bien. Secrétaire très actif du « groupe d'études en commun », il aide Jacques Chevalier à mettre au point son Bergson (Plon, 1927) – philosophe qui exercera une influence importante sur sa pensée. Il suit également les cours de théologie dogmatique et de morale que l'abbé Guerry dispense au Séminaire de Grenoble.

 

Au mois de novembre 1927, il part s'installer à Paris, pour préparer l'agrégation. Commence alors une période parisienne, même s'il reste toujours fidèle à sa Grenoble natale et revient régulièrement rendre visite à sa famille.